"Maille
à partir" est une pièce écrite à quatre
mains et qui puise, tout en (pro)longeant le cours sinueux de la vie de
Kaspar Hauser, dans la biographie de la danseuse, Claudia
Flammin. Une biographie en quatre parties, comme une multiplication
des points de vue faite pour inciter à reconnaître les kaspars
qui nous entourent et qu’on ne reconnaît pas, avec leurs parcours
familiaux et sociaux accidentés, leurs rapports singuliers au monde
et au savoir, moins en butte et en rupture que les établis veulent
le faire croire. La trajectoire de Claudia est inverse de celle de Kaspar
: de la culture à la nature, schématiquement. Ou comment une
jeune femme de la middle-class française devenue adulte à
Paris dans les milieux artistiques underground branchés remonte le
sens qu’elle donne à sa vie, abandon, recommencement, sillon
creusé, évocation du monde de l’enfance, celui dont
on ne revient pas. La parole est d’emblée donnée à
un autre kaspar , Sigismond, via La vie est un songe de Pedro Calderon de
La Barca, une manière d’ancrer le projet, débuté
il y a neuf ans, dans sa durée, son archéologie. Une figure
balbutiant plus que parlant, une marche obligée, un rappel des oppressions.
Balayer le passé? Faire son nid?
L’espace poursuit sa fragile croissance,le balai misérable,
les fils de laine tirés entre rien et pas grand chose comment faire
tenir le monde avec si peu? La danseuse plonge dans la mobilité corporelle
de son adolescence, qui est l'âge de Kaspar à Nuremberg et
le temps supposé de l'apprentissage définitif des dernières
règles, et de la transformation. La société que Kaspar
aspirait de tout son être à intégrer (et dont il est
issu, n’étant pas un véritable enfant sauvage, mais
le fruit d'une expérience disons para-scientifique qui finira par
l'ingérer mortellement) est sortie de son registre protecteur, elle
dit les mots préoccupants, et commet des gestes inquiétants.
Une série de guides de survie en milieu hostile (naturel? civilisé?
encore humain?) écrits lors des répétitions viennent
compléter un tableau général oscillant entre camping
désuet et paysage post-apocalyptique. Puis quelque chose comme une
lune se lève quand même, et une danse renaît de ses cendres.
Instinctivement.
Youness Anzanne
Une pièce toujours en marche...
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Galerie de photos de Laurent Le Bourhis, Marseille à l'officina, 9 janvier 2009.
Danse/Théâtre Performance